Salauds de pauvres ? Non, mais faut voir...une transition !
Parfois je pense à toutes ces choses dont on me dit qu’elles ne sont pas importantes. Et puis je me demande alors ce qu’il reste.
Parfois j’ai une pensée émue pour les mots déconsidérés, lenteur, recul, questions, cohérence, miroir, réflexion, pourquoi…
Souvent je me dis qu’il n’y a pas de corrélation entre la popularité d’une idée ou d’une œuvre et sa qualité !
Je manque peut-être d’ouverture mais je n’avance pas dans la vie, comme d’aucuns pourtant disent qu’il est bon, en page blanche avide de s’imprégner de tout. Non ! Je suis, toujours et en tout, dans la quête d’une chose que je définis mal… Une ambiance ? Un angle d’attaque ? Une quintessence ? Je creuse les infos, les affiches, cinéma et spectacle, les sorties littéraires, les contenus des conversations, l’allure des hommes et des femmes, leurs faits et gestes. De ces fouilles je ressors désemparé, bredouille le plus souvent de toute prise désirable.
Je ne sais pas avec précision ce que je cherche. Ou alors peut-être que je ne cherche rien de précis. Pourtant je l’ai trouvé parfois quand même. Dans les notes sérielles ou polytonales de Philip Glass, dans les monochromes de Mark Rothko et les paysages évanescents (dissous ?) de William Turner ou les silhouettes effilées d’Alberto Giacometti, le cinéma de Lawrence Kasdan, les sombres doutes d’Alain Bashung, l’humour des mots errants de Jean Rolin.
C’est dans le brouillard du doute que je tâtonne sur ce blog.
Même si j’affirme et fanfaronne comme celui ou celle qui chante ou fait du bruit dans la cave ou l’obscurité pour chasser l’effroi, le fantôme, le monstre.
En fait j’affirme surtout qu’il faut douter. Et par le doute saper le fonctionnement ! Le doute est salutaire, il aide à la recherche, à l’élagage. Á évider pour trouver le cœur. Je sens plus que je ne sais. Ce que je refuse plus que ce que je veux. Car il m’a toujours semblé plus urgent de définir ce que je ne voulais pas. Peut-être parce que je pense comme Aristote et Schopenhauer que le bonheur est aussi (d’abord ?) l’absence de souffrance. Ou comme Somerset Maugham que si l’on refuse tout le reste, on obtient souvent ce que l’existence a de meilleur à donner ! Et j’y ai travaillé très tôt. Je ne veux pas de ce qui abîme l’âme. Avez-vous déjà senti ou vu, fait ou possédé de ces choses qui abîment l’âme ? C’est insupportable, non ?
Quand la liste des petitesses à balayer du revers de la main est établie, la voie est dégagée pour aller vers ce qui chérit l’âme et le cœur, la tête et le ventre.
Et si on essayait de dépasser ce tout le monde qu’est le n’importe qui et d’approcher le soi-même ? Si on n’arrêtait de becter ce qu’on nous donne à becter et de faire là où on nous dit de faire ? Regardez bien autour de vous sans vous voiler la face, ne pourrions-nous pas mieux faire ? Plus grand, plus haut, plus doux, plus fort…
« Je pense donc je suis » disait René Descartes. J’aimerais aller au-delà et inverser les propositions pour dire : « Je suis donc je pense ». Oui, mais encore…à quoi ?
Dans ce que je suis, fais et possède, qu’est-ce qui est irrémédiablement moi ? Quelle est la part de mes choix, celle des automatismes et des mimétismes, celle des compensations et du remplissage ?
Je crois qu’au mieux chacun sera en accord avec sa vie, au mieux il s’entendra avec ses voisins, ses semblables et formera avec eux un groupe si pas harmonieux au moins cohérent et paisible. Un groupe n’est rien d’autre qu’une somme d’individus. Et sa santé tant physique que psychique et morale dépend de la santé de celles et ceux qui le composent.
Tel est du moins mon avis !
La conscience peut-être psychique et morale (ou éthique). La première devrait nous amener à réfléchir sur ce que nous sommes. La seconde est censée nous faire éprouver ce qui est bien ou mal, logique ou pas, sage ou non, juste ou injuste etc. Les deux consciences combinées, si elles étaient cultivées, contribueraient à faire de l’individu humain un être épanoui et digne. Atteindre à cet état de grâce ne se fait ni en un jour ni, peut-être, en une vie. Mais il est à la portée de qui le veut d’y tendre un brin, de s’en approcher jour après jour un tant soit plus…
Donc, comme disait mon ancienne voisine d’en haut, sexy chanteuse et thérapeute pas conne, « Et si on se mettait au balcon de soi-même ? ».