Oui, mais encore


J’ai feuilleté le web et je l’ai constaté. S’afficher en ligne, ouvrir un blog, tenir une chronique est à la portée du premier imbécile venu ! Donc je peux le faire !

Ça tombe bien, je rêve depuis longtemps de me donner en pâture à mes semblables, aux amateurs de face de bouc tout ça, vous tous, quoi ! Je rêve de publier mes états d’âmes, mes façons de penser et de regarder tourner notre terre de guingois. Je rêve de soumettre mes mots, mes phrases et mes idées ( aïe un gros mot !) à l’examen de qui voudra. Je rêve de tenter l’échange, le débat, le dialogue, la communication ( aïe encore un !). La toile est un moyen de communication, non ? Elle ne peut se limiter à une tribune d’où chacun hurlerait tout son sou juste pour son compte sans jamais rien partager avec personne, si ?

Bon, d’accord, je laisse la mosquée au milieu du bled, j’intéresse peu je le sais. Et je le sais depuis l’adolescence. Ce n’est donc pas une révélation sortie toute chaude du four qui viendrait me gâter le sommeil (je dors comme un bébé), l’appétit (il n’en démord pas) ou le catabolisme (tout coule de source côté rondelle). J’aime le voyage avant la destination, écrire m’amuse même si je suis peu lu. Parler tout seul n’est-il pas le plus sûr moyen d’avoir un interlocuteur valable ? La boutade est railleuse, faussement cynique, voudrait dissimuler cette indécrottable et ridicule envie d’en découdre encore avec les moulins. D’essayer toujours l’échange et le partage avec mes petits camarades de jeu très opiniâtres à cravacher leur quotidien tel celui qui se tape sans cesse la tête au mur et dit : « Oui, mais quand j’arrête, c’est tellement bon ! ».

Las de soliloquer à l’intention exclusive d’un entourage restreint et trop discret, maigre feedback, j’ai décidé de m’exposer en ligne pour multiplier les interlocuteurs et les communicants potentiels. Qui ne courent pas les rues mais coursent plutôt leur vie, ce qui nuit à la disponibilité, convenons-en. Dommage ! Car la communication ne laisse pas d’être aussi intéressante que profitable. M’offrir sur le web, dans une chronique que j’essayerai quinzomadaire (mot plaisant même si malformé), me permettra d’effleurer davantage de personnes. Á pourcentage égal le nombre d’intéressés devrait s’en trouver augmenté, (« L’espérance engendre la souffrance », je sais !), et la possibilité d’un échange se voir accrue.

Communiquer est essentiel pour connaître et comprendre. Pour se connaître et se comprendre. Soi-même d’abord et l’autre ensuite. « Parce qu’on a peur de tout c’qu’on comprend pas, de tout c’ qu’on connaît pas, parce que les étrangers qu’on préfère encore c’est les étrangers de couleurs parce qu’on les repère de loin ». (Charlélie Couture). C’est bien de croiser les points de vue à propos du grand tout et des petits riens. La communication aère l’esprit comme le ver remue l’humus. Sans lombrics pas de vie terrestre (saviez-vous que le poids des lombrics équivalait à celui de tous les autres animaux de la planète, c’est fou, non ?).

Échanger avec les autres, c’est vite réaliser qu’on n’est pas seul(s). Pas seul à désirer telle chose, à en craindre une autre, à souffrir de ceci, à rire bêtement de cela. Parler, exprimer, communiquer peut remplacer les prozacs, les thérapeutes et les veines tailladées… Voire même éviter cette vilaine chose qui s’appelle…comment déjà ? Ah, oui, la guerre !

Bien sûr il faut vouloir dépasser les banalités, les civilités barbantes, les rengaines du café du commerce, en un mot le parler pour ne rien dire et surtout ne déranger personne. Et oser aussi contourner la méfiance (la sienne et celle de l’autre), que dit-il ?, que veut-il ?, vais-je devoir me faire face ?, l’ennemi dans ma glace…

Ces obstacles écartés, il apparaît vite, tous critères confondus, couleurs et races, gros cul ou taille de guêpe, sexe, religion, métier et civilisation, que deux seules catégories de personnes existent : les emmerdeurs et les autres. Et chacun de nous, vous comme moi, peut-être rangé dans l’une ou l’autre de ces catégories selon le moment, le lieu et l’observateur donnés !

Á plus tard !



14/10/2011
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