Des mots à la lettre ? Oui, mais encore...un abécédaire !
Je pensais commencer en rose et en douceur par a comme aimer. Et puis l’amour de ma vie, mon pilote, m’a suggéré a comme âme.
Pourquoi pas ? C’est léger l’âme, vingt et un grammes dit-on.
Au mot âme Robert nous sert une quinzaine d’entrées mais l’étymologie, déjà, est parlante. Latin et grec nous donnent l’âme comme le souffle, le principe de vie. Dirais-je la personnalité, l’esprit, le moi ? L’unicité, car chacun est unique. Oui.
Sept milliards d’humains uniques, c’est dingue ! D’autant plus que cela n’apparaît pas quand nous nous regardons vivre les unes et les uns les autres. Nous entrons tous, grossièrement pas si vite !, dans le même schéma, latin schema et grec skêma : manière d’être. De là mes étonnement et questionnement depuis l’adolescence (ou bien suis-je né avec eux, suis-je inné avec eux).
Depuis la glissade de l’entrejambe maternel, petit animal gluant, chiffonné, chaque individu trimbale son inné, se gave d’acquis, en est gavé, pétrit les deux en une glaise encombrante, la malaxe dans l’air du temps et se sculpte une personnalité propre en se frottant aux autres. Ainsi se construit-il, singulier agrégat de pâte originelle et de limons embarqués en chemin.
Unique. Et puis ?
Et puis a comme…agaçant.
Comme affadissant. Amidonnant, anaphrodisiant. A comme assujetissant.
Les uniques s’emboîtent le pas comme un seul homme. Hélas, aussi, comme une seule femme. Les uniques se font majorité silencieuse, impersonnelle, disciplinée, rangée en ordre pour la distribution. Pour becter ce qu’on lui donne à becter. Et faire où on lui dit de faire.
Mais laissons là ces choses fâcheuses, changeons de sujet et disons a comme…anniversaire ?
Ouimaisencore (Ome) souffle une première bougie, et pour l’occasion Blogfanzine (Bfz) l’a rencontré chez lui. Détendu, sourire limite béat, tee-shirt gris à manches longues, pantalon taupe et Docksides rouges, il nous a ouvert son petit intérieur épuré. C’est dans un trois pièces jardin en ville, un espace à peine meublé, plafonds hauts, murs blancs et nus, parquet blond, que nous sommes installés à une table près de la fenêtre et au coin d’une bibliothèque minimaliste (Jean Rolin, Jean-Philippe Toussaint…quand même !). Thé Oolong et chocolat noir intense…
Bfz : Bon anniversaire, alors ?
Ome : Oui et non !
Bfz : Côté oui ?
Ome : Le positif c’est l’écriture. J’aime bien le résultat, amalgame d’exercices de style, de textes anodins, de pseudos notes de voyage et de lignes plus revendicatives. Avec un fil rouge et une évolution prudente que je trouve cohérents.
Bfz : Négatif ?
Ome : En plus d’écrire je voulais proposer des mots que chacun ferait rouler dans sa tête et pourrait me renvoyer à sa manière…
Bfz : Ça s’appelle un échange. Et ?
Ome : Non. Retour assez faible hors quelques inconditionnels.
Bfz : La faute aux lecteurs ?
Ome : Évidemment pas. Je n’ai pas trouvé le ton ou la manière, voilà tout ! Et puis écrire c’est bien, mais je ne travaille pas assez à me faire connaître, à grossir l’audience.
Bfz : Paresseux ?
Ome : Sans doute, et aussi assis entre deux chaises.
Bfz : Oui, mais encore… (Héhé !) ?
Ome : D’une part j’ai cru très tôt, et je l’ai fait souvent, que l’important était de ne pas participer.
Bfz : Participer à quoi ?
Ome : Tout ça, autour de nous, l’argent, courir, gagner, dépenser, les bagnoles, le béton, la fuite en avant, deux tiers du monde dans la misère, la rengaine quoi, toute cette tristesse qui se lève le matin à heure fixe comme disait Ferré…Je n’arrive pas vraiment à choisir, m’en mêler, rester planqué dans mon quotidien austère mais confortable, ruer dans les brancards…
Bfz : Le blog serait deux coups de sabots par mois ?
Ome : Oui mais avec l’envie de croiser des êtres et des idées.
Bfz : D’où la nécessité d’être visible, de se rendre visible, de se faire connaître ?
Ome : Oui mais ai-je envie d’être connu ? Un jour oui, le lendemain j’en suis moins sûr. D’abord parce que je vois beaucoup de gens connus qui s’égarent, se vendent ou se perdent. Et puis être connu c’est se mettre en danger. Là où j’en suis, je peux continuer à croire que j’écris bien et que je tiens la route…
Bfz : Donc vous seriez lâche…en plus !
Ome : Naïf, lâche et peut-être mauvais !
Á Samedi ! (Samedi ? Oui oui samedi 22 septembre !)