Des mots à la lettre ? Oui, mais encore... i comme isoloir !
Vous connaissiez déjà ma devise, non ? ‘L’important est de ne pas participer’. Ou disons le moins possible. Comme de beaucoup d’autres choses je me suis donc longtemps (plusieurs décennies !) tenu à l’écart des isoloirs. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi on se cache pour voter ? Est-on honteux de ce qu’on est, de ce qu’on pense ? Comme derrière le rideau d’un confessionnal (ce n’est hélas pas moi qu’on fesse !) ? Comme quand on fait caca ?
Je ne me tenais pas à l’écart par poujadisme.
Si je ne suis sans doute pas une flèche, je puis quand même voir plus loin que le très court ‘tous les mêmes tous pourris’, accordez-moi cela, au moins…
Non, si je n’y allais pas c’était faute de repérer dans les images et les discours de campagne une personnalité politique, femme ou homme, qui s’approchât un tant soit peu de mes idées, mes convictions, mes préoccupations. Ma façon de m’exprimer était donc de ne pas me présenter au bureau de vote. Ce qui me paraissait avoir le mérite d’être clair et plus visible ou lisible que l’abstention, plus franc (vu que le vote est obligatoire chez nous !). Aussi plus cohérent que d’éternellement voter pour x parce qu’on a toujours voté x.
Et puis un jour, est-ce la cinquantaine (la mienne) qui sonnait la fin de ma crise d’adolescence, ou le ras le bol de cette économie ou de notre façon de vivre aussi ineptes l’une que l’autre, allez savoir, je me suis dit, en juin 2010, cette fois vas-y, le monde a besoin de toi, vas voter à gauche…
Bon ! C’était donc un vote utile. Mieux sans doute que d’opter pour la droite. Même si la gauche traditionnelle (socialiste) gouverne à droite, c’est quand même moins à droite que la droite. Disons que les scrupules retiennent un peu son bras comme l’Autre celui d’Abraham…
En cet octobre 2012 me voici à nouveau dans la file, troupeau de bons citoyens, tout le monde est là, ou presque (cinq cent mille honteux, quand même, bravent la loi à chaque échéance électorale, le plus grand parti de Belgique, ceux qui restent chez eux), un rien de malaise, on meuble l’attente de banalités, fierté cucul aussi, regardez comme j’accomplis mon devoir, en consultant ma montre discrètement, la superette de proximité est ouverte le dimanche, j’aurai le temps si ça va vite d’y faire un saut après, mais le vote d’abord, d’autres ont combattu pour jouir de ce droit-devoir, toutes ces salades…
Ces dernières semaines je me suis informé, activement. J’ai écouté et regardé tous les prétendants (et les prétendus) se gargariser dans les micros, comme moi sur ce blog, et parader devant les caméras. Et puis j’ai fait deux meetings. Un rassemblement d’extrême gauche au début sympathique puis excessif et enfin pathétique. Ensuite une réunion des écolos. L’écologie me parle un peu. Mais plutôt côté philosophie, éthique de l’existence. J’aimerais tant que l’humain reste à sa place, arrête d’utiliser le monde. Si encore il bousillait son entourage pour être vraiment heureux, je pourrais comprendre. Mais pour ce résultat lamentable… Quel gâchis ! Les écologistes, en politique, ont tant voulu se montrer crédibles qu’ils en sont devenus quasi transparents, juste verdâtres, pistache passée (la pisse tache, et la mousse…). En plus en Belgique pas de pointure genre Cohn-Bendit. Remarquez, qu’en ferait-on ? Les pointures se glissent mal dans le petit. Même la France et l’Allemagne, trop petites, se sont refilé Danny-la patate chaude pendant quarante ans…
Me voici bien avancé !
Alors, me direz-vous, vous me dites si rarement, amis lectrices et lecteurs sachant lire, pourquoi ne pas te présenter toi ? Plutôt que faire ton malin sous pseudo dans un blog qui restera à jamais aussi confidentiel qu’inopérant, pourquoi ne pas entrer en politique effective ?
Mes chances seraient nulles, chers amis sachant élire. Je ne sais ni flatter ni caresser dans le sens du poil ni raser gratis. Et quand bien même, si on entre en politique avec des idées (c’est le cas de certains, peu d’accord !), c’est en s’en dépouillant peu à peu qu’on atteint au pinacle et aux manettes, progressant de compromis en compromissions.
Et puis, je n’ai pas d’ambition, pas d’envie de pouvoir. Juste envie de changer le monde !
Á dans quinze jours !