Cévé ? Oui mais encore...la fin !
Ma mission remplie à l’agence de voyage (voir texte précédent) j’entrai dans une enième pause carrière dont j’étais désormais coutumier.
Pause assez brève car au bout de huit mois mon ami P. (idem) se rappela à mon bon souvenir, m’introduisit à la clinique et se chargea de mon écolage. L’époque permettait encore que l’on apprît sur le tas le travail de technicien en radiologie. Assimiler le nom et la situation des os du corps humain dans son enveloppe (un peu les organes aussi), les angles révélateurs sous lesquels les photographier et le maniement des machines, robots et autres bidules utiles à réaliser les clichés. Last but not least s’imprégner aussi du minimum d’égards avec lesquels traiter et, au sens propre, manipuler le client qui s’appelait désormais patient, j’adore ce mot.
Sise sur les hauteurs de la cuvette ardente la petite clinique était alors réputée pour ses soins aux enfants mais pas agréée par le service 100. L’équipe des urgences pour laquelle j’assurais la garde Rx le soir ou la nuit n’était pas à dire vrai débordée. Le petit monde médical et hospitalier constituait pour moi une fascinante découverte. Un cocktail (ce mot anglais répète deux fois la même chose) d’ingrédients pas très compatibles. Côté patient, j’adore ce mot, l’inquiétude, la douleur et parfois la détresse. Côté soignants, pour certains, pas tous, un travail comme un autre. Peut-on prendre en charge et en compte une personne qui souffre comme un quidam qui achète un i-prout dans une boutique ? Je ne me prononcerai pas, c’est mon blog et j’y fais ce que je veux, mais je me remercie de vous poser cette intéressante question, eh oui, encore une…
Nous n’étions pas débordés donc, disais-je avant de m’égarer, et j’avais le temps de lire, d’écouter en sourdine radio 21 et de parler un peu avec l’une ou l’autre. Je fis surtout la connaissance de N., qui travaillait à l’accueil, se révéla vite une interlocutrice de choix, drôle et futée, et allait sans peine intégrer le hit des rencontres marquantes de mon existence (ce qui n’est bien sûr une référence que pour moi). Nos échanges bien que platoniques étaient dans mon chef des plus intenses. Le courant passait, la lumière était, comme on travaillait de nuit c’était bien, le temps glissait léger, aérien.
Ji continuait l’hôtel ! Mais lors d’un de nos séjours californiens, Péninsule de Monterey, elle prit quelques contacts dans un palace du coin, huppé, printemps toute l’année, situation idyllique sur le Pacifique, golf dix-huit trous, tout à côté de chez Clint. Contacts qu’elle poursuivit après notre retour chez nous, qui se muèrent en tractations d’embauche…et finirent en eau de boudin quand le palace en question se déclara au bout du compte incapable d’intercéder pour l’obtention de la ‘green card’, sésame indispensable à l’étranger qui souhaite travailler au Nouveau Monde dans les règles de l’art.
Je m’écarte ici un peu de mon curriculum vitae, en latin la ‘course de ma vie’, pour évoquer le micmac (mot d’origine plus néerlandaise qu’algonquine) des négociations californiennes de la femme, géniale disons-le, de ma vie, disons-le aussi, parfois géniale itou. Car cet embrouillamini maxi provoqua notre mariage (plus facile d’entrer aux States sous le même patronyme) et mon départ de la radio (en fait je cherchais un prétexte depuis quelques temps, j’étais fatigué. Radiologue : Ok, elle peut partir. Moi : Pas d’autres explications ? R : Elle n’a rien, juste mal au bide parce qu’elle est pleine de merde et de gaz ! M : Je lui dis tout ça ? R : Fais pas l’malin !).
Désoeuvré, inactif, improductif, oisif. Certains mots sont connotés. Trop connotés !
Rien faire n’a jamais eu bonne presse. Ni aux yeux de l’ordre social ni à ceux d’une majorité d’entre nous. Car rien faire conduit tôt ou tard au doute, à la question, à la remise en question. Les tenants du pouvoir et de l’avoir n’aiment pas les remises en question. Trop d’individus n’aiment pas les miroirs. L’ennemi dans ma glace, bonne chanson signée Jacques Duvall et Alain Chamfort. Je vis avec mon image sans trop de mal. Je vois bien les trucs qui dépassent et les bouts qui clochent, ou l’inverse. J’en travaille certains mais les autres je me dis que c’est moi, à prendre ou à laisser…
Bien plus tard mon amie N. (voir plus haut) intriguera pour me réintroduire à la clinique et m’intégrer à l’équipe de l’accueil téléphone en charge les nuits et weekends. Pour quelques années supplémentaires, turbin intense (bien amusé !) et intensif (horaires lourds), qui écriront la dernière ligne, à ce jour en tout cas, de mon cévé mais s’achèveront sur un clash et une déroute assez cuisants.
Á dans quinze jours !