P comme poste ? Oui, mais encore... une deuxième tournée !

Mon chérick !

Quelle joie et quel plaisir de trouver ta petite lettre en arrivant à la clinique !

Elle m’a mise d’excellente humeur pour survoler ma nuit de travail.

Comment vont mes vies, demandes-tu, celles d’aujourd’hui et de ces dernières années ?

Tu sais déjà sans doute par M. que je me suis réinstallée à Bruxelles. Je fais donc la navette à l’envers pour aller au boulot. Nous avons toujours aimé faire les choses autrement, toi et moi, faire notre malin, disaient certains, des cons ! Et je me suis remise en piste avec un autre homme. Un journaliste, « Quelle horreur ! » diras-tu, il en est de chouettes, pas beaucoup, je te l’accorde…

Me réhabituer à la capitale m’a demandé quelques mois. Mais Bruxelles offre heureusement des différences et des compléments qui compensent ce qui me manque de Liège.

J’essaie de faire court mais je sens revenir le flux et la fluidité de nos échanges d’avant. Nous ne manquions pas de matière, nous étions intarissables, intéressants et drôles (je me fous de paraître prétentieuse !)…

Je ne résiste pas au plaisir de te dire que ta lettre tombe comme je termine le dernier livre en date de Jostein Gaarder, l’histoire de deux êtres qui renouent après un long silence et se lancent dans un échange ‘philosophique’ par courrier électronique. En gros, ce que tu me proposes, en fait, et je vais adorer ça !

Côté travail tout a changé ici. Peu après ta désertion ( !) le 100 nous a agréés, nous avons ensuite lancé notre propre véhicule de SMUR, et nous avons vite été débordés. De l’ancienne équipe ne restent que M. et moi à l’accueil. P. est toujours aux urgences mais souvent parti avec le SMUR. J’ai parlé de toi avec lui cette nuit et des souvenirs ont ressurgi. Ton striptease devant la caméra de surveillance du sas, j’étais scotchée à l’écran de contrôle, et le soir où l’équipe t’avait immobilisé et plâtré sur ta chaise avec le combiné à l’oreille.

Moins de place pour la rigolade aujourd’hui, hélas.

Je me réjouis de tes nouvelles !

N.

 

Hare Krishna !
Dear Prabhu,
Please accept our best greetings and blessings of Lord Krishna.
We are pleased to inform you that one room is confirmed in the names of
Ji & Rick from 11th January 2013 for 3 days
Ac and Non Ac rooms are not confirmed in advance as they are subject to the
availibility at the time of Check-in.
Our charges for double room would be : (w.e.f 1st January 13)
    * Rs. 3995/- for AC room per day.
    * Rs. 3495/- for Non AC room per day.
Meal you can order from our restaurant and charges will be seperate for the meal.
Thanking you,
Yours in the service of Lord Krishna
Deven Patel

Reservation Incharge, Hotel Iskcon, Mumbai.

 

Chère L.!

Merci pour la pimpante phalangère. Nous lui avons donné ton prénom. Merci aussi pour la recette de chocolat à tartiner. Un orgasme !!! (Honte et haro sur l’amas de graisse et de sucre Latènul !). En m’en tartinant une bonne couche je t’imagine chantant sous la douche en écoutant sur ton lecteur antique la K7 audio sur laquelle je t’ai gravé une suite aussi cohérente qu’inspirée de chansons signifiantes.

Chocolat, musique et plante, quel gentil troc de plaisirs prosaïques et éthérés !

Ces mots pour te dire combien nous sommes, Ji et moi, ravis d’avoir croisé ton chemin.

Bonjour au petit père que nous ne connaissons pas encore.

R.

 

Á ma doctoresse préférée !

Nous avons bien trouvé les copies des résultats d’analyse dans notre boîte aux lettres, merci.

J’en profite pour te redire le plaisir, ambigu, à la Sacher-Masoch, que je prends quand d’un geste sûr tu me plantes l’aiguille dans la veine et, telle une goule, aspires sans état d’âme quelques centilitres de ma vie dans tes tubes de verre.

Rien de troublant dans ces résultats, pas d’excès de cholestérol, je n’en ai pas assez selon toi, un taux de psa rassurant, une glycémie des plus basses, des plaquettes qui répondent présent, à peine une activité intempestive de ma bilirubine trahissant la présence, encore et toujours, de ce parasite indécrottable hérité en 1996 d’un égarement regrettable. Niemand ist perfekt.

Je n’ai par ailleurs aucun signe du labo auquel j’avais, à l’invitation de nos autorités politico-sociales, envoyé pour analyse préventive d’infimes particules de selles, encore fumantes on peut le dire, sous enveloppe scellée, à l’abri des indiscrétions des postiers aujourd’hui moins scrupuleux qu’avant (et moins heureux, le métier n’est plus ce qu’il était). J’en déduis que mon colon est à ce jour exempt de trace de cancer…

En buvant une gorgée de chicorée Pacha, assis sur le banc de la terrasse, dont le pied avant gauche a enfin été remplacé, je continuerai dans un même ordre d’idée en te signalant que la femme de ma vie, qui est aussi ta sœur cadette, me pousse à passer un scanner du cerveau. Elle s’inquiète des fréquents lapsus, mais point de collapsus heureusement, qui émaillent mes déblatérations diverses et mes ratiocinations fastidieuses, ainsi que de mes oublis multiples. Je prends soin de ma santé, souhaite continuer à courir jusqu’à septante-cinq ans au moins, vieux séché, mais ne suis en rien hypocondriaque. Ce scan serait superfétatoire, les anomalies notées  par Ji ne relevant selon moi que d’une intense, excessive peut-être, activité de mes neurones. De plus, je sais qu’un scanner, qu’il pète ou pas, repère les tumeurs mais déroule aussi les idées du patient étudié. Je n’ai nulle envie que le radiologue et son technicien en résonance magnétique n’en appellent au psychiatre et à ses acolytes armés de lanières de cuir et de camisoles, voire, croyant détenir un scoop en lisant dans mon cerveau, ne s’avisent de me produire devant les médias comme un ours que l’on montre, la plus grosse femme du monde ou l’homme éléphant…

Je t’embrasse. À dans quinze jours !

R.

 

 

 

 



29/01/2013
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